YOUNGWON KIM // DANSE LENTE

Diplômée du London College of Fashion, Younwon Kim développe sa marque Danse Lente en 2017. Décryptage de son process créatif dans notre interview exclusive.

MONNIER Frères : Comment avez-vous débuté ?
Youngwon Kim : Cela m’est venu assez naturellement car j’ai toujours pensé à le faire. Par chance une opportunité s’est présentée alors que j’attendais le bon moment pour me lancer.

M.F. : Comment avez-vous trouvé le nom français « Danse Lente » ?
Y.K. : J’ai simplement fait un brainstorming et réfléchi à beaucoup de noms différents pour la marque. « Slow dance » m’est venu par hasard et j’ai ensuite cherché l’équivalent en français et ai découvert « Danse Lente ». J’aimais sa sonorité, tout comme sa signification.
Les sacs à main sont des accessoires que les gens « portent » très souvent dans la vie de tous les jours. J’utilise souvent le mot « porter » plutôt que d’autres verbes, car les sacs à mains peuvent en effet être portés autour en bandoulière. J’ai imaginé une sorte de « danse lente » (slow dance) de personnes marchant en portant leur sac à main dans la vie de tous les jours. Je voulais évoquer une sensation exaltante grâce à cette imagerie et c’est ainsi que j’ai choisi le nom de la marque, Danse Lente.

M.F. : Vous avez cité Picasso et Brancusi parmi vos inspirations. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Y.K. :
Je puise mon inspiration dans différentes sources. J’ai mentionné Brancusi car je trouve intemporelle l’incroyable harmonie créée par ses lignes droites et courbes. Cela m’inspire à chaque fois. Il va de soi que l’œuvre de Picasso est exceptionnelle et comprend de nombreux styles et techniques.

Parmi toutes ces œuvres, ses poteries montrent par exemple la combinaison de couleurs chaudes et de lignes épaisses et trapues, ainsi que sa finesse d’esprit unique. En tant que personnage marquant dans le mouvement cubiste, même ses dessins sont radicaux à mes yeux. Et surtout, son travail me procure une sensation de chaleur et de calme, en particulier ses sculptures. Je dois avouer que se tenir au milieu du Musée Picasso à Paris est une expérience étonnement méditative. Et surtout, j’ai un respect infini pour Picasso en tant qu’artiste de son époque : ce qui est très spécial est le fait que son art reste très accessible et pas du tout prétentieux, et cela le rend assez viable d’un point de vue commercial. Il était un génie et mon modèle absolu !

M.F. : Vous avez suivi une formation de cordonnier. Pourquoi avoir choisi de faire des sacs plutôt que des chaussures ?
Y.K. : Je suis toujours intéressée par l’idée de concevoir des chaussures et je serais ravie de faire une collection un jour. Je pense que je me suis lancée dans le design de sacs sans trop d’hésitation car il y a plus de liberté dans la conception de sacs que dans celle des chaussures. Comme il n’y a pas de forme à respecter, je pensais qu’il y aurait moins de contraintes avec les sacs et j’étais attirée par la possibilité d’être plus audacieuse en choisissant de concevoir des sacs.

M.F. : Instagram vous a permis de vous faire connaître assez rapidement. Pensez-vous que les réseaux sociaux sont devenus la norme pour les nouvelles marques ? 
Y.K. : Je suppose que c’est le cas aujourd’hui. Les jeunes marques de créateurs ont ainsi plus d’opportunités de montrer leur identité de marque de manière moins maitrisée, plus naturelle. Ils peuvent adopter une approche plus directe vis-à-vis du consommateur, sans d’autres intermédiaires. Le concept en lui-même reste très intéressant, mais il est en effet également devenu un nouvel outil de survie.

M.F. : Vous faites partie d’une nouvelle génération de designers qui propose des sacs à un prix abordable. Pourquoi a-t-il fallu tant de temps pour que le milieu de la mode comprenne qu’un it-bag ne doit pas nécessairement être cher pour être séduisant ?
Y.K. : Lorsque que j’ai lancé Danse Lente, peu de marques proposaient des sacs à un prix abordable. Je pense qu’il y en a beaucoup plus aujourd’hui. Je suppose que l’absence de designers et de marques proposant des produits à un prix abordable a amené l’industrie de la mode à négliger ce besoin spécifique sur le marché. Les sacs ne sont plus de simples objets utilisés pour transporter nos affaires. Ils sont à présent de plus en plus perçus comme des accessoires à part entière, et les gens en achètent de manière beaucoup plus décontractée qu’auparavant.

M.F. : Que conseilleriez-vous à un(e) jeune designer d’accessoires impatient(e) de lancer sa marque ?
Y.K. : Je survis et lutte moi-même tous les jours ! Je pense qu’il est important de trouver l’équilibre entre ce que vous souhaitez créer et ce que veut le consommateur – sans trop se laisser obnubiler par cette idée – pour que votre marque trouve son public. J’y travaille.

M.F. : Pensez-vous fabriquer des chaussures un jour ?
Y.K. : Oui !

M.F. : Quelle est la prochaine étape pour les sacs Danse Lente ?
Y.K. : Jusqu’ici les designs principaux de nos sacs étaient très géométriques. Pour cette nouvelle saison, j’aimerais proposer des designs plus doux et peut-être faire quelques expériences. J’aimerais éviter de rester sur un esthétisme en particulier et assimiler différents styles et esthétismes, à notre manière, tout en continuant de trouver des solutions réalistes pour produire nos sacs !

M.F. : Quel est le premier accessoire que vous ayez possédé ?
Y.K. : J’ai le vague souvenir de quelque chose de très mignon.

M.F. : Quel est le premier accessoire que vous ayez créé ?
Y.K. : Une chaussure. Je me souviens très bien de son design, sa silhouette, sa couleur et sa forme. C’était à l’époque où je commençais les cours à Cordwainers (école de mode à Londres), ce qui était très excitant. J’en garde un très bon souvenir.

M.F.: Quel est l’accessoire que vous aimeriez avoir créé ?
Y.K.: La conception de bijoux pourrait être passionnante. J’aimerais beaucoup essayer un jour.

 

M.F. : Quel est le plus important pour une femme : des chaussures ou un sac ? et pourquoi ?
Y.K. : C’est une question très très difficile. Hum, peut-être un sac ? Physiquement, c’est très proche de l’endroit où se placent vos mains ; on pourrait donc dire qu’un sac a un lien plus fort avec le corps.

DÉCOUVRIR LA COLLECTION